Papas, queso, bidonville et globitos

Publié le par Mikou

Semaine chargée en activités et en émotions. Jeudi, avec les autres bénévoles de la creche et accompagnés par la directrice Amelia, nous avons pu visiter les habitations de certains parents qui vivent dans les bidonvilles avec leurs enfants et qui ont accepté de nous montrer leur situation. Les parents viennent aider a tour de role a l'ecole, donc je les connaissais plus ou moins de vue quand je n'avais pas discute brievement avec eux. J'etais loin de m'imaginer qu'ils vivaient dans de telles conditions. C'est completement invraisemblable de trouver ca en France. Pas d'acces a l'électricité ni a l'eau courante bien sur, de la poussiere partout, pas d'espace, éloigné des voies routieres. Ils doivent pour la plupart marcher pendant un demi-heure soit en plein soleil, soit la nuit avant d'attraper la premiere combi qui mets encore 30-45 minutes avant d'arriver au centre-ville. En plus, ils doivent gérer leurs enfants et bosser pour gagner un peu d'argent pour survivre. On est vraiment mal a l'aise de visiter et en meme temps reconnaissant parce que les parents sont vraiment gentils et ouverts.

Alicia est surement la plus pauvre d'entre eux. Elle doit habiter l'endroit le plus haut et le plus loin d'Arequipa, avec Arlina, sa fille de 6 ans. Elle est aussi d'une générosité immense et nous a proposé a Melanie, Antoine et moi-meme d'aller manger de pommes de terres chez elle samedi.

On s'était donné rendez-vous a 10 heures sur la place d'armes et elle nous a en fait rejoint une heure plus tard avec sa petite. Il se trouve, on l'a appris apres, qu'elle était en retard parce qu'elle voulait nous acheter un fromage pour le repas. Elle devait vendre un paquet de cigarettes pour gagner un peu d'argent mais elle le trouvait plus, du coup elle a galéré et a du se débrouiller tout le debut de la matinée pour gagner a peine 50 centimes d'euros.
On prend ensuite le taxi qui nous emmene dans les hauteurs au Nord-Ouest de la ville, vers le pied du volcan. Rapidement, il n'y a plus de route, les amortisseurs en prennent un coup sur le chemin cabossé. Heureusement, le chauffeur est serein. Ca grimpe et les flancs de la cote sont recouverts de petites maisons en parpaings et toits en tole. Chaque propriété est délimité par un mur constitué d'un empilement de pierres, sans mortier. On se demande comment ca tient. On arrive finalement tout en haut, il y a du soleil, du vent, de la poussiere et des rapaces. On descend du taxi accueilli par les chiens, la seule compagnie qu'ont Alicia et Arlina. La vue est magnifique. Faible consolation pour la mere et sa fille.


Au loin, derriere le mur de pierres en équilibre qui délimite le terrain, la ville d'Arequipa.

Elles vivaient  et dormaient jusqu'il y a peu dans une cabane en parpaing de meme pas 6m2. Je peux a peine y rentrer et il faut que je reste penché pour pas défoncer le toit. Sa voisine lui prete maintenant son ancien logement, a peine un peu plus grand, juste a coté. Dans la meme salle elles ont leur lit et entreposent les fringues, la nourriture, une bouteille de gaz et une multitude d'objet récupérés. L'électricité arrive ici par je ne sais quel miracle ce qui leur permet d'avoir un peu de lumiere. La nuit, il doit faire un froid glacial.
Je vous renvoie aau blog d'Antoine, ou il y a d'autres photos et un article de l'association qui résume assez bien ce que j'essaie de vous décrire. C'est par ici : http://perou-toone.over-blog.com/

Alicia entrepose des bouteilles en plastique pour les vendre genre 30 centimes le kilo.
En arriere plan, ce qui leur servait de logement. Il vient s'appuyer sur la construction voisine pour permettre d'économiser un mur de parpaings.


L'entrée de l'autre construction. Il y a des bassines d'eau usée qui servent a arroser les cactus et a éviter que le sol soit trop poussiereux dans la cour.

Alicia nous montre comment on va cuire les patates dehors. Il faut d'abord faire un feu dans un petit four improvisé en cailloux empilées. Ensuite, une fois que c'est assez chaud, on y jette les pommes de terre et on recouvre le tout de terre. Apres un peu plus d'une demi heure d'attente, on déterre les légumes en essayant de pas se bruler. On les secoue dans un drap puis on les frotte pour en enlever la poussiere.

     
Alicia, championne en construction de four. C'est pas si évident, ca vaut un bon rubik's cube.


Tiiing ! C'est pret.

Pendant la cuisson, Alicia nous a raconté son histoire. Sa vie est un véritable drame. Elle vit en réalité quasiment clandestinement a Arequipa. Elle s'est enfui de chez elle et a récupéré son enfant apres avoir été exploitée par son pere puis séquestrée par le pere de sa fille qui voulait la faire passer pour folle afin d'avoir la garde d'Arlina. Elle a subi des malnutritions ce qui lui vaut aujourd'hui des problemes de santé et l'empeche d'exercer certains métiers.
Malgré tout ce qu'Alicia endure, elle reste tres croyante et remercie encore Dieu pour lui permettre d'élever sa fille qui est tout pour elle. C'est vraiment un exemple d'optimisme. Elle garde tout le temps le sourire, tout comme sa fille qui est simplement adorable et que je suis content de faire rire avec un rien.


Alicia montre a Mélanie des photos d'elle et de sa fille plus jeune.

     
La petite Arlina, toujours joyeuse, qui s'amuse bien grace a Antoine. " ¡ Mama ! Soy una mariposa. "

Alicia a profité de notre présence pour feter l'anniversaire d'Arlina qui est normalement le 12 février. Elle n'a plus de famille et ne recois pas souvent du monde. On a donc chanté et Mélanie avait apporté un gateau. Tout le monde a mangé a l'interieur, assis sur le lit. Alicia nous décortique les patates sucrées, que je dévore avec une tranche de fromage. C'est tres bon. J'ai été particulierement ému au moment de la priere avant le repas. D'habitude, je trouve ca assez ridicule et finalement assez hypocrite de remercier le petit Jesus, mais la, ca prenait tout son sens. Je me souviens plus exactement de ce qu'Alicia a prononcé mais en gros, ca donnait a peu pres ca (en plus joli) :
" Merci de nous offrir la nourriture que nous allons mangé pendant ce repas et merci de nous accorder la présence de nos amis Mélanie, Adrien et Antoine. Nous souhaitons que ce moment se répete dans l'avenir car il nous apporte beaucoup de joie... " On peut que joindre les mains et etre a la limite des larmes en entendant ca.

     
On s'installe sur le lit pendant qu'Alicia découpe le fromage.

En fin d'apres-midi, on retourne en ville en taxi. Alicia nous remercie encore pour notre aide et pour ce qu'on fait a l'école. J'trouve pas qu'on aide tant que ca mais pour elle ca signifie beaucoup. Elle doit gagner un peu d'argent aujourd'hui. Elle est vendeuse ambulante dans la rue. Elle propose des sucreries. Sur une idée de Mélanie et a l'initiative de Antoine, on propose d'aller vendre des ballons avec Arlina pendant que sa mere travaille, pour leur faire gagner un peu d'argent.

Antoine a du matériel et des compétences de cirque. Il fait des ballons en formes de chien-girafe-éléphant-lama, de serpents, de fleurs et il fait de la pub en jonglant. Arlina a des compétences de vendeuse. Elle est maquillée en chat sauvage et présente ses articles a la population autour de la place d'armes. J'ai une tete de singe-clown et 2 bras. Je surveille de loin la petite avec Antoine et je l'assiste dans le stockage de marchandise. On commence un peu mal a l'aise a monter notre business pour la petite. On dirait 2 gringos qui exploitent une petite péruvienne.


La fine équipe.
Le cerveau de l'opération a droite et l'atout charme au centre.
Celui qui sert a rien a un nez rouge et se trouve a gauche. :D


Finalement, les gens sont assez compréhensifs et on arrive meme a rentrer dans la communauté des vendeurs en discutant avec eux. C'est assez marrant de changer de role pendant quelques minutes. D'habitude, on essaie tout le temps de nous vendre des choses parce qu'on a des tetes d'étrangers. Hier, celui qui nous proposait quelque chose, on lui retournait la proposition et on lui expliquait ce qu'on faisait. En plus j'ai l'impression qu'on a été assez efficace. On a réussi a gagner pour la petite une dizaine de soles en 2 heures. Ca fait meme pas 3 euros en fait mais c'est un bon coup de pouce pour elles.

Ce que j'ai surtout retenu de cette journée, c'est qu'on mesure vraiment pas la chance qu'on a de vivre dans un pays comme la France. Et je rajouterai qu'a partir de maintenant, le premier qui va m'embeter avec ces petits problemes insignifiants ou qui va se plaindre de sa condition confortable, je vous doucement l'envoyer valser ailleurs.

La prochaine fois, j'écrirai des articles un peu plus léger ou vous aurez certainement l'occasion de m'apercevoir avec mon bonnet péruvien... He he !

PS : A l'intention de mes admiratrices féminines, fans de ma tete de brigand et de mes yeux multicolores, il y a une photo de moi en terroriste dans l'album Alicia-y-Arlina.

Publié dans Arequipa

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A
j'aime beaucoup les photos =)<br /> Alicia a l'air extremement genereuse malgré sa situation avec sa jeune fille<br /> surtout tres gentille de se donner autant de mal pôur un fromage<br /> bisous
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B
Détrompe-toi mon petit Auré. J'ai bu un petit jaune il y a juste 2 semaines !<br /> <br /> 51 je t'aime, tout ca... :D
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A
putain de moine..... comment j en pete de lire ton bordel... mais sa va c est interessant au moins, sa me donne vraiment envie de visite un jour se genre de pays !!!<br /> <br /> MAis c comme la nouvelle zelande bordel y a pas de PERNOT !!
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T
Ah la la... Grande news en direct du Perou... Adrianito futur ingenieur en chocolat et patisserie en tout genre...reste plus qu a trouver un role a Melanie (compteuse d histoires de fantomes) et on pourra monter un petit magasin ici!Tchao tchao!
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W
Hey hey mikou.<br /> <br /> Pas le temps de tout lire mais ca a lair de rouler pour toi !!!<br /> <br /> Bonne continuation. Jessaye de lire tout ca quand je trouve du temps.
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